Charte des Musiques
du Monde

Actualités 

TRIBUNE #AUX SONS SUR MEDIAPART

Osons d’autres musiques pour demain, osons la diversité culturelle

Citoyens, citoyennes, #Aux­Sons !

Il en est des musiques comme des sociétés ; à force de s’uniformiser, elles pren­nent le risque de son­ner creux et de tourn­er en rond autour de leur nom­bril iden­ti­taire.

À l’aune des élec­tions prési­den­tielles et lég­isla­tives, les incan­ta­tions uni­ver­sal­istes vides de sens et les hymnes à l’uniforme font le lit d’étranges nos­tal­gies musi­cales et sociales. Les mélodies de l’identité nationale, des clochers éter­nels et du ter­roir déni­ant la réal­ité de la diver­sité cul­turelle en France, ont tou­jours servi à met­tre au pas les peu­ples. Et si demain notre pays n’avait pas envie de se réveiller au son du cla­iron mais plutôt aux sons des musiques du monde ? Plus qu’un genre esthé­tique, ces musiques sont un out­il poli­tique et social qui val­orise con­crète­ment cette diver­sité.

Mobil­isant des publics qui se dépla­cent chaque année plus nom­breux, les musiques du monde sont les grandes absentes des poli­tiques publiques et médi­a­tiques. Une fois passés les fes­ti­vals d’été, elles n’ont plus droit de cité dans les pro­grammes de nos lieux de créa­tion — pour­tant out­ils de démoc­ra­tie cul­turelle — et sont reléguées aux arrière-salles poly­va­lentes. Éloignées des playlists radio, elles se retrou­vent dans des émis­sions « dédiées » comme on crée des rayons « eth­niques » au super­marché. Le traite­ment qui leur est réservé relève mal­heureuse­ment de l’intérêt exo­tique ou au mieux, de la curiosité fes­tive. Rien n’est dit de leurs his­toires, de leurs savoirs, de leurs fonc­tions sociales et poli­tiques, comme sont invis­i­bles les 170 nation­al­ités et langues qui font nos ter­ri­toires. Déboutées enfin des textes offi­ciels et des dis­posi­tifs de sou­tien, les musiques du monde restent trop mécon­nues de celles et ceux qui pour­raient les accueil­lir et sont con­damnées à la ghet­toï­sa­tion. Il devient alors aisé d’ac­cuser ses acteurs de « repli com­mu­nau­taire ».

Les musiques du monde sont ain­si mis­es au ban des cir­cuits clas­siques de créa­tion, de pro­duc­tion et de dif­fu­sion. Pour­tant, à côté des grandes autoroutes du son, leurs artistes créent la musique des chemins partagés et des sen­tiers intimes, arri­mant à leurs rythmes des mots venus de tous les hori­zons. Ces musiques font le quo­ti­di­en, les joies et les rit­uels de nos ter­ri­toires et sont la matière d’un véri­ta­ble renou­velle­ment artis­tique ces dernières années. Elles reflè­tent une France heureuse d’accueillir et de faire cir­culer des artistes des qua­tre coins de la planète, une France ouverte à un avenir fait d’hybridations et de mélanges, de mul­ti­plic­ités mou­vantes.

Depuis 25 ans, Zone Franche, réseau de pro­duc­teurs, fes­ti­vals, salles de con­cert, labels et édi­teurs, médias et artistes, est le réseau de ces musiques d’ici et d’ailleurs, fab­riquées dans tous les replis d’un pays riche de sa diver­sité heureuse. Ses 150 mem­bres mon­tent aujour­d’hui le son pour faire enten­dre les voix d’un pays qui assume ce qu’il est : divers, pluriel, riche des échanges avec le monde. Non pas un pays de coex­is­tence d’identités séparées, où le mul­ti­cul­tur­al­isme affiché serait la vic­toire de la tra­di­tion dom­i­nante mais un pays où chaque per­son­ne est com­posée d’une plu­ral­ité de sons et de mon­des à elle seule, reliée et con­nec­tée aux vibra­tions de la planète comme un hash­tag à la toile.

Par le sou­tien à la créa­tion, la pro­duc­tion, la dif­fu­sion et la médi­ati­sa­tion des musiques du monde, redonnons à la diver­sité cul­turelle la place qu’elle mérite : réelle, représen­ta­tive, ouverte. Artistes, pro­fes­sion­nels, citoyens et citoyennes, por­tons la cam­pagne #Aux­Sons, parce que la diver­sité, elle passe aus­si par la musique !

Can­di­dats, can­di­dates, mon­trez-nous vos par­ti­tions pour les musiques de demain, nous vous dirons quel pays vous voulez demain.

Sig­nataires : Le con­seil d’administration de Zone Franche

-Sébastien Lagrave, prési­dent de Zone Franche et directeur du fes­ti­val Afri­col­or
-Flo­rence Chas­tanier, déléguée générale Babel Med Music
-Mounir Kab­baj, pro­duc­teur-man­ag­er, Gin­ger Sounds
-Stéphane Kras­niews­ki, admin­is­tra­teur-pro­gram­ma­teur Les Suds à Arles
-Flo­ri­an Oliveres, directeur du Fes­ti­val Détours du Monde — +Le Silo+
-Blick Bassy, artiste musi­cien, pro­duc­teur, écrivain
-Ouri­da Yak­er, pro­duc­trice et gérante de Tour’n’­sol prod
-Olivi­er Del­salle, directeur du Fes­ti­val d’Île-de-France
-Kamel Dafri, directeur de Villes des Musiques du Monde
-Corentin Blan­co, pro­duc­teur-book­er, Meti­o­la Pro­duc­tions
-Maet Charles, label man­ag­er de Mix et Métisse
-Jean-Hervé Michel, gérant de Nue­va Onda
-Corinne Ser­res, gérante de Mad Minute Music
-Jean-Guil­laume Selmer, man­ag­er, DuNose pro­duc­tions
-Camel Zékri, directeur des Arts Impro­visés
-Syl­vain Dar­toy, gérant de L’Afrique dans les Oreilles
-Habib Dechraoui, directeur d’Uni’Sons music
-Bertrand Dupont, pro­duc­teur et label man­ag­er d’Innacor records
-Daniel Lieuze, édi­teur RFI Tal­ents

Tri­bune sur Medi­a­part