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Tribune : La culture en colère : « Les mots de soutien du gouvernement ne peuvent plus suffire ! »

Paris, le 7 jan­vi­er 2021

Cela fait bien­tôt deux ans que le monde de la cul­ture vit au rythme de coups d’arrêt réguliers, et notam­ment le spec­ta­cle vivant. Faut-il encore rap­pel­er que les con­certs debout et de grande capac­ité n’ont pu jouer, durant toute cette péri­ode, que 4 à 6 mois au max­i­mum. Au-delà, toutes les activ­ités cul­turelles subis­sent une baisse mar­quée de la fréquen­ta­tion.

Cela fait bien­tôt deux ans que de nom­breux artistes voient leurs con­certs et spec­ta­cles inter­dits, et sont privés de leurs publics.

Cela fait bien­tôt deux ans que les pro­fes­sion­nels de ce secteur ten­tent de sur­vivre en s’accrochant par­fois aux annonces opti­mistes du Gou­verne­ment. Mais la relance tant atten­due s’éloigne désor­mais chaque jour un peu plus pour eux. Le secteur s’enlise, perd ses équipes et ses tal­ents : le méti­er ne fait non seule­ment plus rêver, il fait peur.

Bien sûr, cha­cun est con­scient des con­tin­gences d’une crise san­i­taire inédite qui appelle, par­fois, des répons­es de dernière minute. Bien sûr, cha­cun recon­nait la dif­fi­culté d’un Gou­verne­ment, sou­vent obligé de pren­dre la moins pire des déci­sions.

Mais cela fait bien­tôt deux ans que tous les acteurs du spec­ta­cle vivant font mon­tre, eux aus­si, d’une respon­s­abil­ité sans faille : redou­blant d’efforts pour s’adapter aux cir­con­stances, met­tant tout en œuvre pour « appren­dre à vivre avec le virus », comme le pré­con­i­sait le Prési­dent de la République dès août 2020, et pro­pos­er des solu­tions afin que le spec­ta­cle reste vivant. C’est en con­science que nous avons soutenu une grande par­tie des déci­sions pris­es tout au long de ces deux années. Ce n’était pas tou­jours facile, mais une seule pen­sée nous ani­mait alors : celle des retrou­vailles durables avec les Français.

Deux ans !
Aus­si, les mots de sou­tien et de com­préhen­sion du Gou­verne­ment ne peu­vent plus suf­fire !

Car, mal­gré nos efforts, notre capac­ité d’adaptation, la résilience, le con­cert-test, la dis­tan­ci­a­tion, rien ne suf­fit à éviter les stig­ma­ti­sa­tions. Et rien n’a changé ! Les dernières annonces gou­verne­men­tales du 27 décem­bre sont un nou­veau coup dur pour le spec­ta­cle vivant : le Pre­mier min­istre annonce, sans nous con­sul­ter, l’interdiction des con­certs debout ain­si que le retour à des jauges assis­es pla­fon­nées à 2000 ou à 5000 per­son­nes. Comme les dis­cothèques, les organ­isa­teurs de spec­ta­cles à jauge debout sont désor­mais inter­dits de tra­vailler et, avec eux, les salariés du secteur, les tech­ni­ciens et les artistes. La poli­tique du « stop and go » est de retour… ou plutôt du « stop and stop ». Et ce, comme si le Gou­verne­ment ne savait pas que, lorsque l’on nous arrête en seule­ment 7 jours, nous met­tons au moins 6 mois à repar­tir.

Cette mesure dépasse le cadre strict des jauges debout et des grandes jauges : c’est tout le spec­ta­cle vivant qui est impacté ! Car, per­dus au milieu de l’empilement d’interdictions, de restric­tions mais aus­si de déro­ga­tions, les Français con­sid­èrent désor­mais l’acte d’achat d’un bil­let de spec­ta­cle comme une prise de risque. La défi­ance gagne. Déjà en octo­bre, 56 % de nos spec­ta­teurs étaient réti­cents à retrou­ver le chemin des salles de spec­ta­cles, et par­fois à long terme.

Dès lors, com­ment réin­stau­r­er la con­fi­ance quand le mes­sage du Gou­verne­ment sem­ble laiss­er dire à nou­veau que les salles de spec­ta­cles sont des lieux de con­t­a­m­i­na­tion ? Cette déci­sion d’interdiction bal­aie d’un revers de main l’expérimentation sci­en­tifique menée lors du con­cert-test organ­isé avec l’AP-HP en mai 2021 et les dif­férentes études sur le sujet, comme celle pub­liée par l’Institut Pas­teur en novem­bre 2021. Et, alors que le passe san­i­taire avait sus­cité des remous, nous l’avions accep­té, per­suadés qu’il représen­tait une con­di­tion sine qua non à notre reprise. Nous le voulions tem­po­raire et encadré. On nous annonce récem­ment que ce sera un passe vac­ci­nal, qui n’était qu’une sim­ple chimère il y a encore quelques semaines. Et voilà que le pro­jet de loi, en cours d’examen au Par­lement, laisse la pos­si­bil­ité de deman­der le cumul d’un passe vac­ci­nal et d’un test négatif pour accéder à cer­tains lieux…

La cul­ture ne peut plus être la vari­able d’ajustement d’un dis­cours poli­tique pétri de sym­bol­es. Essen­tielle lorsque nous étions con­finés, elle est désor­mais acces­soire et sac­ri­fiée. Sommes-nous les idiots utiles d’un dis­cours cen­sé ras­sur­er face à une énième nou­velle vague ? Les vic­times de la com­mu­ni­ca­tion du Gou­verne­ment ?

Aujourd’hui, nous, acteurs du spec­ta­cle vivant,
• nous ne voulons plus pay­er les pots cassés et atten­dre fébrile­ment chaque série d’annonces gou­verne­men­tales, sans con­cer­ta­tion pos­si­ble,
• nous ne voulons plus être stig­ma­tisés : nous ne sommes ni respon­s­ables, ni coupables. Ou plutôt, nous n’avons été que trop respon­s­ables jusqu’alors.

Après deux ans, cette crise n’est plus con­jonc­turelle : elle est désor­mais struc­turelle et sys­témique. Les cautéri­sa­tions ponctuelles ne suff­isent plus. Et les tâton­nements et répons­es de dernière minute doivent main­tenant laiss­er place à des répons­es anticipées, con­certées, et surtout guidées par un cap, une vision. Nous sommes désor­mais seuls à assumer nos risques financiers face aux frais d’annulation et de report, con­som­mant nos liq­uid­ités avant même de pou­voir retrou­ver un cli­mat sere­in qui n’arrive pas.

Ce que nous voulons, c’est tra­vailler, avec de la vis­i­bil­ité sur les mesures à venir.

Mais surtout, ce que nous voulons, c’est de la vis­i­bil­ité à moyen terme, per­me­t­tant une reprise pérenne de nos activ­ités. Une tournée se tra­vaille sur deux à trois ans ; nous ne pou­vons plus, mal­gré nos capac­ités d’adaptation, inté­gr­er ces « stop and go » répétés.

Il faudrait enfin com­pren­dre, après pour­tant 2 ans d’explication de nos mod­èles économiques au Gou­verne­ment, que, même si toutes les salles de spec­ta­cles de France sont autorisées un jour à ré-ouvrir, le marasme sera iden­tique à celui que nous con­nais­sons aujourd’hui tant que la défi­ance sera entretenue et que le spec­ta­teur ne recom­mencera pas à acheter nos bil­lets de spec­ta­cle.

Ce que nous voulons enfin, c’est un accom­pa­g­ne­ment de long-terme. Deux ans, c’est un temps long pour la cul­ture. Nous avons besoin d’un plan à hori­zon 2030. Et non à hori­zon 3 semaines.
Ce que nous voulons, en bref, c’est un peu d’ambition et de vision pour le spec­ta­cle, qui rassem­ble et tran­scende les class­es et les généra­tions face à la ten­ta­tion du repli qui nous men­ace.

signataires de la tribune

PRODISS – Syn­di­cat nation­al du spec­ta­cle musi­cal et de var­iété
SMA – Syn­di­cat des Musiques Actuelles
SCENES - Fédéra­tion de la créa­tion artis­tique privée
SNDTP — Syn­di­cat nation­al des Théâtres Privés
CAMULC — Syn­di­cat des Cabarets Music Halls Lieux de Créa­tion

FESAC — Fédéra­tion des entre­pris­es du spec­ta­cle vivant, de la musique, de l’audiovisuel et du ciné­ma
Les mem­bres :
ACCeS — Asso­ci­a­tion des Chaînes Con­ven­tion­nées Éditri­ces de Ser­vices
AFPF — Asso­ci­a­tion Française de Pro­duc­teurs de Films et de Pro­grammes Audio­vi­suels
Ani­m­France — Syn­di­cat des Pro­duc­teurs de Films d’Animation
API — Asso­ci­a­tion des Pro­duc­teurs Indépen­dants
ARENES — Asso­ci­a­tion de Représen­ta­tion des Étab­lisse­ments Nationaux Entre­pre­neurs de Spec­ta­cles
CAMULC — Syn­di­cat des Cabarets Music Halls Lieux de Créa­tion
CNRA — Con­fédéra­tion Nationale des Radios Asso­cia­tives
CSDEM — Cham­bre Syn­di­cale de l’Edi­tion Musi­cale
FICAM — Fédéra­tion des Indus­tries du Ciné­ma, de l’Audiovisuel et du Mul­ti­mé­dia
LES FORCES MUSICALES
LOCALES.TV
PRODISS — Syn­di­cat nation­al du spec­ta­cle musi­cal et de var­iété
PROFEDIM — Syn­di­cat Pro­fes­sion­nel des Pro­duc­teurs, Fes­ti­vals, Ensem­bles, Dif­fuseurs Indépen­dants de Musique
SATEV — Syn­di­cat des agences de presse audio­vi­suelles
SIRTI — Syn­di­cat des Radios Indépen­dantes
SMSP — Syn­di­cat des Médias du Ser­vice Pub­lic
SNDTP — Syn­di­cat Nation­al du Théâtre Privé
SNEP — Syn­di­cat Nation­al de l’Édition Phono­graphique
SNES — Syn­di­cat Nation­al des Entre­pre­neurs de Spec­ta­cles
SNRC — Syn­di­cat Nation­al des Radios Com­mer­ciales
SNRL — Syn­di­cat Nation­al des Radios Libres
SNSP — Syn­di­cat Nation­al des Scènes Publiques
SPECT — Syn­di­cat des Pro­duc­teurs et Créa­teurs de Pro­grammes Audio­vi­suels
SPI — Syn­di­cat des Pro­duc­teurs Indépen­dants
SRGP — Syn­di­cat des Radios Général­istes Privées
SRN — Syn­di­cat des Réseaux Radio­phoniques Nationaux
SYNDEAC — Syn­di­cat Nation­al des Entre­pris­es Artis­tiques et Cul­turelles
SYNPASE — Syn­di­cat Nation­al des Prestataires de l’Au­dio­vi­suel Scénique et Evéne­men­tiel
SyN­TiP — Syn­di­cat nation­al des télévi­sions indépen­dantes privées
UPC — Union des Pro­duc­teurs de Ciné­ma
USPA — Union Syn­di­cale de la Pro­duc­tion audio­vi­suelle

TPLM – Tous Pour La Musique
Les mem­bres :
APRES — Attaché.e.s de Presse Réseau Entraide Syn­di­cat
CEMF — Cham­bre Syn­di­cale des Edi­teurs de Musique de France
CSDEM — Cham­bre Syn­di­cale de l’Edi­tion Musi­cale
CSFI — Cham­bre Syn­di­cale de la Fac­ture Instru­men­tale­Fédéra­tion
EIFEIL ESML — Syn­di­cat des Edi­teurs de Ser­vice de Musique en ligne
LA FELIN — Fédéra­tion Nationale des Labels Indépen­dants
LA GAM — La Guilde des Artistes de la Musique
GRANDS FORMATS
LES FORCES MUSICALES
MMFF — Music Man­agers Forum France
PRODISS — Syn­di­cat Nation­al du Spec­ta­cle Musi­cal et de Var­iété
PROFEDIM- Syn­di­cat Pro­fes­sion­nel des Pro­duc­teurs, Fes­ti­vals, Ensem­bles, Dif­fuseurs Indépen­dants de Musique
SACEM — Société des Auteurs, Com­pos­i­teurs et Edi­teurs de Musique
SCPP — Société Civile des Pro­duc­teurs Phono­graphiques
SFA — Syn­di­cat Français des Artistes Inter­prètes
SMA — Syn­di­cat des Musiques Actuelles
SNAC — Syn­di­cat Nation­al des Auteurs Com­pos­i­teurs
SNEP — Syn­di­cat Nation­al de l’Edi­tion Phono­graphique
SNES — Syn­di­cat Nation­al des Pro­duc­teurs de Spec­ta­cle
SNM/FO — Syn­di­cat Nation­al des Musi­ciens Force Ouvrière
SPPF — Société des pro­duc­teurs de phono­grammes en France
UCMF — Union des com­pos­i­teurs de musiques de films
ULM — Union des Librairies Musi­cales
UNAC — Union Nationale des Auteurs et Com­pos­i­teurs
UPFI — Union des Pro­duc­teurs Phono­graphiques Français Indépen­dants
ZONE FRANCHE — le Réseau des Musiques du Monde